vacuité et doliprane
A la base, j’avais envie d’écrire quelque chose de joyeux sur l’automne qui arrive, les couleurs changeantes du ciel au cours de la journée, des teintes fauves des feuilles des arbres, de la brume au petit matin, et des escargots que je déplace des chemins après la pluie. Ambiance minute bucolique.
Parce que oui, j’aime l’automne, ça a toujours été ma saison favorite, et donc, j’avais envie d’écrire un petit quelque chose sur ma joie de retrouver cette luminosité automnale et toute l’inspiration qui s’en suit, les croquis, les recettes de saison, le retour des écharpes et autres gilets qui annoncent les pulls doudous.
Et puis non, il aura fallu que j’aille faire un tour mi-distrait mi-agacé sur Facebook.
Aaaaah….agacement……les transports en commun, la fatalité de savoir qu’il a peu de chance que la durée théorique du trajet corresponde à la durée réelle.
Bref, me voilà à parcourir distraitement le fil de « non » actualités, parce qu’avec attendre que l’aquarelle sèche, c’est tout de même l’activité la moins productive qui soit.
Et puis là je tombe sur la vidéo de deux petites nanas qui ne méritent pas de passer à la postérité (ni la vidéo ni les deux petites nanas). Le pitch ? « réponse aux véganes qui sont des donneurs de leçons …. bla blaaaaah blah … ».
Cette vidéo, qui se veut une réponse ironique pleine d’esprit aux manifestations des véganes, qui, on le sait tous, ne font que rabaisser et culpabiliser les mangeurs de viande parce qu’on a tous le droit au respect bordel de merde, hein ?
Bon, ouverte d’esprit, je lève les yeux au ciel, j’inspire …….. pffffffff …… j’expire ……. pfffffff. Voilà. je fais le vide dans mon cerveau (non, je ne dis pas que je me mets à leur portée, le raccourci serait trop facile).
J’avance dans la vidéo, je cherche l’ironie.
Hum, bon, manifestement je ne dois pas avoir la même définition de l’ironie, parce que je ne la trouve pas dans des phrases de types « un végan, quand il a la dalle, il mange quoi ? bah de l’air, c’est tout (rires assimilables aux gloussements de dindes) » (c’est vrai qu’en terme d’air ou de vide, nous avons là des connaisseuses) ou « y a rien de meilleur qu’un burger chez macdo, vous ne savez pas ce que vous manquez » (ah, peu de gens naissent véganes, et peu de gens considèrent macdo comme de la nourriture raffinée), et « arrêtez de nous culpabiliser, on est assez grandes pour faire nos choix nous-même » (oui ? qui me parle ?). Bref, de l’esprit, surtout du mauvais. Mais comme il est précisé : on ne se moque pas, on n’attaque pas, on réplique juste aux vilains véganes trooooop méchants.
Je passe sur les commentaires haineux au possible. Je ne vais pas me positionner sur pour ou contre la viande, ce n’est pas le propos ici (des fois que tu n’aurais pas suivi mon cheminement de pensée, oui je sais parfois je me perds).
Je suis à mi chemin entre la stupéfaction et l’incompréhension. Et je me souviens tout d’un coup que, bien sûr, dans l’anonymat des réseaux sociaux, le déchainement de haine permet aux « no-life » de trouver un semblant de trouver un sens à leur vie.
Exister en prenant parti de manière violente « contre », par ce qu’être contre, c’est tellement plus simple, tu critique, tu injure, tu menace, chose que tu ne ferais probablement pas si tu était dans la vraie vie.
Ah oui, mais ce n’est pas la vrai vie, c’est virtuel, et tu ne t’attaque qu’à des gens que tu ne connais pas, d’ailleurs tu ne veux pas les connaitre, tu veux juste porter un jugement, le plus assassin possible, pour te sentir exister.
Tu crois que dire de quelque chose, d’une situation ou de quelqu’un que c’est de la merde (parce que oui, sur internet tu le dis, tu ne prends pas de pincettes), c’est faire preuve d’intelligence. Est ce que tu propose quelque chose pour que ce soit moins de la merde ? Ah bah non, toi, tu as dénoncé, mais ce n’est pas à toi de trouver la solution ou d’expliquer en quoi c’est de la merde.
Bref, tel l’éjaculateur précoce, tu t’enflamme, tu t’agite et hop, tu lâche
très rapidement ce que tu peux (les commentaires et autres propos haineux sont rarement très longs, sinon, ils en deviennent intéressantes à lire).
C’est pas grave, on t’a pas éduqué dans le respect de l’autre. C’est pas de ta faute si t’as pas eu d’amour, si ta vie est misérable et que le seul moment où on fait attention à toi, c’est quand tu hurle ta haine sur les réseaux sociaux.
Bon. j’aurais aimé disserter sur l’automne, les soupes au potimarrons et les chocolats chauds véganes ou pas.
J’ai juste un peu mal au crâne, c’est pas à cause de la vidéo, c’est juste parce que j’ai pas eu ma dose de caféine.
Je suis néanmoins de plus en plus persuadée que depuis que je suis végétarienne (avec la véganie comme un prolongement logique), ce n’est pas que je suis moins patiente avec mon prochain, c’est juste que je crois de moins en moins dans la bonté humaine. D’ailleurs, je vais aller faire un câlin à mes chats.
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